Les pierres de grès du château de Tillemont sont datées de 1635, ce qui en fait le bâti le plus ancien de Montreuil après l’église St Pierre St Paul 1113 (dossier 048s007 - Atlas du patrimoine de Seine-Saint-Denis).

INTRODUCTION


La postérité a retenu l'historien Louis-Sébastien le Nain (1637-1698) dit « Lenain de Tillemont », le prêtre étant le plus souvent cité et associé au domaine, mais il n'est pas à l'origine de l'édification du Château de Tillemont.

À partir de 1679 et jusqu'à sa mort, l'ecclésiastique vivait une retraite à Tillemont sur ordre des jésuites et du roi Louis XIV qui dispersèrent les solitaires du Port-Royal hors de la capitale. Il continua d’y suivre la doctrine austère des jansénistes, refusant tous les fastes et attributs de son rang, s'astreignant à ses offices et à rédiger un travail colossal sur le Parlement de Paris ainsi que des écrits sur l'Histoire des Empereurs et des autres Princes qui ont régné durant les six premiers siècles de l'Eglise, Vie de saint Louis roi de France,... Autant de correspondances et de récits qui ont permis aux historiens de mieux connaître cette époque.

Le personnage crucial sur lequel porte les études de cette publication est son grand-oncle, Claude Le Ragois de Bretonvilliers.

FAMILLE LE RAGOIS


Louis-Sébastien Le Nain est fils de Marie Le Ragois ( -1696) et Jean IV Le Nain (1609-1698), seigneur de Beaumont et Tillemont.

Et sa mère Marie Le Ragois est la fille unique du noble Séraphin Le Ragois (16-) et de Marie Du Lac, la nièce de Nicolas De Bailleul successivement conseiller du Parlement, maître des requêtes, président du Grand Conseil, lieutenant civil de Paris et surintendant des finances de 1643 à 1647. Nicolas Fouquet (qui dit-on devint plus riche que Louis XIV et fit construire le château de Vaux-Le-Vicomte, rivalisant de splendeur avec Versailles) assumera aussi la charge de surintendant des finances de 1659 à 1661 et possède une seigneurie à Montreuil (Arch. Nat. S 3575). Et anecdote, son épouse Marie-Madeleine de Castille, dame de Montreuil (famille de commerçants anoblis), rédigera en 1662 dans son hôtel les premiers écrits pour la défense de son mari emprisonné à la Bastille sur ordre du roi et de Colbert. Ces imprimeries de Montreuil saisies par le commissaire seront considérées comme les premières presses clandestines à l’encontre du gouvernement de Colbert, et se multiplieront malgré les arrestations.

De son père (Le Nain) il descend d'une longue lignée de conseillers du Parlement de Paris, et de sa mère (Le Ragois), d'une puissante famille de la noblesse d'Orléans, son grand-père maternel Séraphin est trésorier ordinaire de la duchesse d'Orléans (famille du roi de France) et seigneur de Guignonville. Séraphin est aussi le frère aîné du célèbre Claude Le Ragois de Bretonvilliers (grand-oncle de LS Le Nain),

Claude Le Ragois de Bretonvilliers (1582-1645) est financier, receveur sur les Aides en 1628, secrétaire au conseil du roi Louis XIII et receveur des Finances en 1633, et réputé comme l'un des hommes les plus riches de la France du XVIIème siècle. Il possédait notamment :
• l'Hôtel de Bretonvilliers (1637), le plus grand hôtel de l'Île Saint-Louis
• le château d'Avron en 1634-1645 (83m sur 46m, 3 niveaux)
• les châteaux de Noisy-le-Sec et Villemomble en 1643 par adjudication (pour Bénigne II/Alexandre)
• l'hôtel de Bretonvilliers à Richelieu (Indre-et-Loire) en 1633
• le château de Tillemont en 1635 (par indivis avec son frère Séraphin)

LES VIGNES DU ROI


La bulle du pape Honorius III de 1221 atteste le don du roi Philippe-Auguste de (53 arpents) vignes au lieu dit Thieulemoy, puis Tyeulemoi et Telemoy, à l'abbaye de Livry qu'il a fondé en l'honneur de la famille Garlande. (Histoire du Diocèse – Abbé Lebeuf – 1754)

A partir de 1100, la famille de Garlande, grands officiers et sénéchaux de France qui a mené plusieurs guerres et annexé des comtés pour le compte du roi de France, administre un territoire de la taille d'un département comprenant Brie, Livry, Tournan, Chelles, Aulnay, Queue-en-Brie, Gournay, Montlhéry, et peut-être Chantilly.

Afin d'honorer la mémoire d'un des membres de la lignée de Garlande, Thibault II (fils de Guillaume de Garlande IV) qui a succombé à la guerre en 1186, le roi Philippe-Auguste fonde l'abbaye de Livry en 1187. Elle fut consacrée par l'évêque de Paris et construite suite à d'importantes donations à la mort de Guillaume de Garlande IV (1197).

Un acte de son fils Guillaume de Garlande V daté de 1202 confirme ces importantes donations de son père auquel s’ajoutent le don de celles de Montreuil, près le Bois de Vincennes par le roi Philippe II Auguste. Anselme de Sainte-Marie (augustin ; 1625-1694)
Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, des pairs, grands officiers de la Couronne, de la Maison du Roy et des anciens barons du royaume.... Tome 6
donation vignes Tillemont Philippe Auguste 1221


En 1220 Jean de Beaumont-sur-Oise (1164-1223) et son épouse Jeanne de Garlande (fille de Guillaume IV de Garlande) possèdent le fief de Beaumont/Tillemont, c’est un homonyme sans relation avec Jean Ier de Beaumont-Gâtinais (1190-1255), grand chambrier de France et seigneur de Villemomble.

Puis le domaine passe entre les mains de plusieurs héritiers dont Jean de Beaumont et sa femme Jeanne, Henri Comte de Granpré, Pierre Le Houx trésorier du roi, Pierre du Biez (ou du Riez/Du Ryer) conseiller du roi.

Et c'est Séraphin Le Ragois avec l'aide financière de Claude Le Ragois qui va racheter le domaine et en faire le plus somptueux château de Montreuil de 1637 à 1750.

Le bourg de Montreuil-sur-le-Bois de Vincennes compte plusieurs fiefs et maisons seigneuriales (Boistel, Conflans, Saint-Antoine, Saint-Victor/Ermitage, Beaune, l'Epine, Bataille, le Luat, les Soucis, Jarry, Droublet, ...) mais seulement 2 demeures qualifiées de « Château »; Tillemont et Montreau. Il y a bien eu une 3ème bâtisse, « la Seigneurie » avec justice et basse-cour, mais dont on ne trouve quasiment aucun écrit et qui semble moins imposante (7 arpents).

Le château de Tillemont se démarque par :
• des fossés remplis d'eau (douves) et un (faux) pont-dormant
• une enceinte de murs (2m) percée de sauts de loup entourant le domaine
• des pierres en grès de Fontainebleau (utilisées par les architectes du Roi)
• une hauteur significative, élevé sur 2 étages (+comble ?)
• on sait d'après les écrits l'abbé Lebeuf que 2 familles y vivaient (Séraphin Le Ragois/Marie du Lac) et (Jean IV Le Nain (fils de Séraphin)/Marie Le Ragois)

CHRONOLOGIE (1220-1896)


Le Château de Tillemont est construit entre 1631 (d'après l'abbé Lebeuf) ou 1634-1635 (d'après les archives notariales), retouché plusieurs fois et détruit en 1807.
• 1220 Le comte Jean de Beaumont et son épouse Jeanne de Garlande font don aux lépreux de 10 sols parisis de cens. Le couple fera donation de 20 sols de rente à l'abbé de Saint-Victor et de terres dont on ignore la superficie mais qui jouxtaient les biens de l'abbaye.
• 1221 la bulle du pape Honorius III atteste du don des vignes du domainede Tillemont
• 1268 Henri Comte de Granpré y avoit quelques droits
• Séraphin habite rue Hautefeuille à Paris en 1634
• Séraphin rachète le fief de Tillemont aux héritiers Du Ryer contre une rente de 1715 livres en 1635 Catherine Mortier, veuve de Pierre Durier, seigneur de Tillemont, et Paul Durier.
• Claude R fait une rente annuelle de 1500 livres à Séraphin R en plus de 27000 livres en 1635
• Claude Ragois est possesseur par individs
• 1637, Séraphin R est seigneur de Guignonville et devient seigneur de Tillemont. 2 familles y vivaient (Séraphin Le Ragois/Marie du Lac) et (Jean IV Le Nain (fils de Séraphin)/Marie Le Ragois)
• 1638 la chapelle est construite
• 1640 Jean Le Nain, sieur de Beaumont, pour 5 ans, à Antoinette Camus, représentée par Claude Dubreuil, d'une maison sise rue Hautefeuille
• 1641 Les domaines de la Boissière et Tillemont-Beaumont sont communs à la famille Le Ragois, Madeleine Le Ragois (héritière de Bénigne et Claude) est femme de Charles Hervé, seigneur de Boissère et conseiller au Parlement
• LS Le Nain de Tillemont est le petit neveu et filleul de Claude Le Ragois de Bretonvilliers, dont il reçoit un don en 1645 (décès de Claude Le Ragois)
• 1646 Séraphin accorde un bail de 6 ans sur 19 arpents au vigneron Sebastien Cornu et sa femme Perette de Vitry (ancienne famille d’horticulteurs de Montreuil)
• 1675 donation de Jean IV Le Nain à son fils LS Le Nain (abbé Lebeuf) au décès de sa femme
• 1679 LS Le Nain quitte l’abbaye de Port-Royal des Champs (fermée par le roi) commence sa retraite à Tillemont
• 10 janvier 1698 LS Le Nain décède à l’âge de 61 ans des suites d’une chute de cheval
• 1720, inventaire et estimation par Jean Dubois pour la veuve de Jean V Le Nain (frère de LS Le Nain 1633-1719)
• 1720 les enfants Le Nain échangent Tillemont à Marguerite Pictet et son mari Claude Heush
• 1749 Leur fille Marie-Madeleine hérita de la terre de Tillemont que son mari Louis, le seigneur de Reuville et elle, vendirent à Jean-François Choulx de Bussy « écuyer, secrétaire du Roy, maison et couronne de France et de ses finances, trésorier général et payeur honoraire des rentes en l’Hôtel de Ville de Paris»
• 1765-1775 Le seigneur de Tillemont est Jacques François Choulx de Bussy secrétaire du roi, munitionnaire des vivres à Paris. Il appartient à la maison d’Orléans qui est dorénavant propriétaire du domaine et de la seigneurie et du baillage de Livry depuis 1771. 28 juillet 1765 par acte passé devant maître Dulion, notaire à Paris
• 1765 Nous lui connaissons une fille, François. Elle épousa son cousin, François-Jacques Choulx de Biercourt « écuyer, secrétaire ordinaire de la reine Marie Lecksinska » et tous deux achetèrent le domaine comme nous le révèle l’acte passé le 28 juillet 1765 devant maître Dulion, notaire à Paris.
• Nous retrouvons Monsieur de Rouville, familier du salon de Madame de Biercourt, comme il était celui de Madame de Bussy. Sa fille l’accompagne et va devenir la huitième femme, épousant le fils des châtelains Joseph, François Choulx de Biercourt. Joseph-François à 26 ans, il est commandant de la garde nationale à Montreuil. Son père est, à, présent trésorier de l’Ecole militaire. La jeune fiancée à vingt ans, elle est fille d’un contrôle des ventes à Paris, rue Cloche-Perce et s’appelle Cucu de Rouville. Le 2 mars 1791, le mariage est célébré dans la chapelle du Château de Tillemont.
• 3 vendémaire an VII (septembre 1798) Cucu de Rouville décède à l’étranger et son mari Joseph-François vend le domaine à Marie-Thérèse Gilbert de Vegonzac. (JF de Biercourt se serait remarié avec Marie-Thérèse)
• 1804 Qui criblée de dettes et d’hypothèques le revend à l’entrepreneur Brian le 25 thermidor an XII (août 1804) entrepreneur de charpentes et de travaux publics à la Rapée-Bercy.
• 1807 le château, la chapelle et une partie des communs sont démolis pour récupérer une partie des matériaux (pierre et charpente)
• En 1812, Marie-Reine Malot, descendante d’une vieille famille montreuilloise, et son mari, Monsieur Richefeu, tous deux boulangers à Montreuil, rue de la Réunion, acquièrent le domaine. Pour cette onzième dame, Tillemont fut un placement foncier et un terrain de culture.
• En 1822, restaient la motte du château, les douves, les communs, les murs du parc, et une belle allée d’ormeaux.
• Nous voici en 1832 à la mort des époux Richefeu. Leurs cinq enfants partagent ce qui fut le « cidevant château de Tillemont » ; les allées de hautes futayes, les jardins à la française ne sont plus que souvenir.
• 1859 une usine de bougie est installée dans les anciens communs (et jusqu'en 1965). Actuellement, une grande partie du parc de Tillemont est divisée en quelques grands jardins, … et servant à des cultures diverses, des légumes et de la vigne notamment. Ce parc aujourd’hui appartient à 3 propriétaires : M.Rivet, bourgeois, M.Frémont, artiste et M.Dubois, industriel, qui ayant établi une fabrique de bougies dans la partie sud-est (emplacement des anciens communs) laquelle a nécessité diverses constructions…Quant aux deux autres propriétaires, ils ont fait construire pour leur usage chacun une habitation, accompagnée de jardins appropriés à leur convenance.
• 1881 au terme d’un testament olographe en date du 10 janvier 1881, Monsieur Désiré Préaux a légué à la commune une propriété foncière de 43 ares 29 sise au lieu dit Clos de Tillemont. Au terme d’un bail du 12 octobre 1896, approuvé le 21 décembre suivant, la commune a amodié ce terrain pour 12 années entières et consécutives, moyennant un loyer de 370 francs. Cette location est faite sous la condition, pour le preneur : 1° de cultiver, de fumer et d’ensemencer le terrain loué ;2° d’y entretenir, tailler, soigner et écheniller les arbres fruitiers au nombre de 130 (dont 89 pêchers, 12 pommiers et 17 cerisiers).

« Dans la propriété qui occupe l'angle de la rue des Grands-Pêchers et de la rue Tillemont existe une seconde pièce d'eau, celle-ci beaucoup mieux conservée. Tout près, sous une habitation moderne subsiste une partie des caves du Château détruit en 1807. » Bulletin de la société des amis du vieux Montreuil

ARCHITECTES DU ROI LOUIS XIII


Seuls 3 architectes, tous architectes du roi en titre et fonction, sont susceptibles d'avoir travaillé pour le compte de Claude Le Ragois:
Jean Androuet du Cerceau
Pierre Le Muet
Jacques Lemercier

Avec Louis le Vau, Salomon de Brosse et François Mansart, ils auront réalisé l'ensemble des monuments ou agrandissements de l'époque (palais du Luxembourg, palais Royal, palais du Louvre, château de Versailles, château de Fontainebleau, hôtel Sully, hôtel de Mayenne, hôtel de Bretonvilliers, Val de Grâce, chapelle de la Sorbonne, château de Chambord, château de Vaux-le-Vicomte, château de Berny,... )

1631, Claude Le Ragois alors en pleine ascension sociale (receveur des aides en 1628), fait l'acquisition de son premier «grand» hôtel, l'hôtel de Ragois à Richelieu (Indre-et-Loire) construit en 1633 par l'architecte Jacques Lemercier. Mais il n'a pas commandité ni suivi sa construction, la ville a entièrement été pensée par Richelieu, et des nobles et financiers de la cour comme Claude Le Ragois se devaient d'y posséder un bien.

Claude Le Ragois connaissait donc Jacques Lemercier mais il ne semble pas avoir fait appel à ce dernier, qui était d’ailleurs l'architecte favori de Richelieu et dont la carrière est dévolue en grande partie aux travaux du cardinal (ville de Richelieu, Louvre, palais Royal).

En 1633, Claude Le Ragois parvient au service du Roi (financier) et à partir de ce moment sa fortune est immense et il acquiert de prestigieuses propriétés. Entre 1634 et 1635, il achète 3 domaines et y entreprend d'importantes constructions:
• achat sur l'île Saint-Louis du terrain du futur hôtel de Bretonvilliers
• achat du domaine de Tillemont (par indivis avec son frère Séraphin)
• achat du domaine d'Avron

Au vu de ces fonctions auprès de Louis XIII, Claude Le Ragois va s'entourer des architectes du roi; ainsi l'Hôtel de Bretonvilliers dont la construction débute en 1637, est dessiné par l'architecte Jean Androuet du Cerceau.

Le château d'Avron est lui aussi attribué par plusieurs historiens à Jean Androuet du Cerceau, aucun document ne l'atteste mais les gravures d'Israel Sylvestre montrent bien que le style architectural est emprunt à celui de l'Hôtel de Bretonvilliers.

L'architecte Pierre Le Muet va accompagner Jean Androuet du Cerceau et compléter les 6 hôtels de rapports de l'hôtel de Bretonvilliers.

En toute logique Claude Le Ragois aura commandité simultanément l'ensemble de ses édifices (Hôtel de Bretonvilliers, Château d’Avron, Château de Tillemont) construits à la même période (qui débute vers 1634) à l'architecte Jean Androuet du Cerceau (deux lui sont attribués) accompagné de Pierre Le Muet. Il est donc très probable que le château de Tillemont, bien que plus modeste que l'hôtel de Bretonvilliers et le château d'Avron et qu'il ne soit pas une oeuvre majeure, est dessiné par l'un des plus célèbres architectes de l'époque.

Sur la fin de sa vie et afin d'asseoir son emprise du plateau (Montreuil, Noisy, Avron, Villemomble), Claude Le Ragois va encore réaliser d'importantes acquisitions par adjudication en 1643; ce sont les châteaux de Noisy-le-Sec et Villemomble (ou pour le compte de Bénigne II/Alexandre son fils) pour lesquels il n'entreprend pas de travaux.
Il décède en 1645 en même temps que l'achèvement du château d'Avron (bien qu'une pièce de monnaie trouvée dans le bâti et datée de 1649, approuve de travaux de finition) dont il ne bénéficiera pas, et cède une rente à Louis-Sébastien Le Nain de Tillemont.

LOCALISATION - CARTE DELAGRIVE 1730


Les vestiges sont situés dans le secteur dit des « Murs à Pêches » (côté impasse Gobetue) qui ont été classés par le ministère de l’Environnement au titre des « sites et du paysage » (décret du 16 décembre 2003, paru au JO le 23 décembre 2003) en relation avec l’histoire des horticulteurs de Montreuil du 19è siècle.
Localisation Vestiges Tillemont


Le château de Tillemont représenté sur la Carte Delagrive de 1730
chateau Tillemont carte Delagrive 1730


SAUT DU LOUP


Croquis Etienne Carrière (ancien jardinier en chef du Muséum d’Histoire Naturelle)
Saut du Loup chateau Tillemont


La jeune et jolie Madame de Bussy (pourquoi l’imaginer autrement ?) allait sous les ombrages d’une grande allée jusqu’au Saut du Loup (1) d’où l’on découvrait la campagne vers le Nord. Pour en revenir elle traversait les parterres et retrouvait la « maison seigneuriale close de fosses » comme la décrit l’acte d’achat de 1760.

Notes
(1) les vestiges du Saut du Loup sont encore visibles rue Pierre de Montreuil (Bulletin Société des Amis du Vieux Montreuil n°8 – oct 1979)

Il semble donc que des pierres aient été déplacées de la rue du Saut du Loup – chemin Vert de Tillemont (actuelle rue Anatole France) à la rue Pierre de Montreuil
Saut du Loup chateau Tillemont


En 1822, restaient la motte du château, les douves, les communs, les murs du parc, et une belle allée d’ormeaux. Le groupe scolaire Anatole-France et le stade occupent la partie centrale et le côté nord-ouest du domaine. Du côté de la rue de la Nouvelle-France, une partie du mur ancien subsiste, où l’on voit les vestiges d’un « haha » pratiqué dans la clôture.
(Georges Poisson – Evocation du Grand Paris – La Banlieue Nord Est Paris 1961)

GRÈS DE FONTAINEBLEAU


Jean Androuet du Cerceau est célèbre pour avoir dessiné l'escalier de Fer à Cheval du château de Fontainebleau commandité par Louis XIII en 1632. Si les marches sont en calcaire, l’architecture proprement dite de l’escalier est en grès dit « de Fontainebleau », comme les soubassements des façades de part et d’autre.
Escalier Fer Cheval Fontainebleau


Les vestiges situés dans les jardins des Murs à Pêches ont été analysés par le Laboratoire Recherche Monuments Historiques (LRHM) de Champs-sur-Marne et sont aussi composés de grès, un quartz très pur.
Or les sous-sols montreuillois sont formés essentiellement de travertin de Brie, d'argile verte, de marnes supra-gypseuses (gypses qui ont servi à fabriquer le plâtre des murs à pêches); il n'existe aucune carrière de grès aux alentours de Montreuil.
Seul un personnage très fortuné comme le secrétaire du roi Le Ragois (ou un proche de sa famille) aura pu commander l'extraction, la taille, puis faire transiter ces blocs sur les fleuves jusqu'au plateau de Montreuil. À cette époque (XVIIè) le grès était un matériau noble utilisé principalement dans la construction des édifices et châteaux.
Pierre Grès Tillemont Montreuil
Pierre Grès Tillemont

Les pierres issues des ruines du château de Tillemont détruit en 1807 auront certainement été déplacées par les horticulteurs montreuillois afin de combler un dénivelé, un affaissement de terrain, ou former un escalier.
Vestiges Tillemont Montreuil
Vestiges Tillemont Montreuil Grès


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